Un regard sur l’Egypte

Lundi 20 Avril 2020-00:00:00
' Michèle Foulain

Jour 30 du confinement ! Qui aurait pu penser il y a un mois que cela durerait aussi longtemps ? Les jours se suivent et se ressemblent dans leur monotonie, nous tuons le temps, et réciproquement. Ce matin, je me suis réveillée un peu sonnée, la gueule de bois... sans boire ! Hier soir, le président Macron a prolongé le confinement d’un mois supplémentaire. Un mois de plus à vivre enfermés, sans lien familial, amical, social, à regarder passer les heures en se demandant quand nous retrouverons notre liberté d’aller et venir à notre guise. Je ne suis pas à plaindre, je m’estime même privilégiée, j’ai la chance d’avoir une grande terrasse avec une vue sur la mer, que je regarde, que je sens, mais sans savoir quand je pourrai l’approcher. Et lui le Covid 19, l’ennemi sournois est toujours là, et se joue de nous, chaque jour il allonge la liste de ses victimes, sans distinction d’âge, ou de toutes autres contingences... Les EHPAD se vident de leurs résidents, toutes ces personnes âgées qui ont tant combattu pour notre liberté, traverser des guerres, élever des familles, faire tourner l’économie du pays, s’en vont comme elles ont vécu, en toute discrétion. Aucune dérogation pour leur dire au-revoir, le risque est trop grand. Quelles ont été leurs dernières pensées en quittant ce monde ? Sans une main pour serrer la leur, sans un regard d’amour avant de faire le grand voyage. Alors courageusement elles s’en vont en priant pour ceux qui restent. Il ne faudrait pas en conclure que le virus ne touche que les plus anciens d’entre nous, de plus en pus de jeunes, et même d’enfants sont à leur tour victimes de ce tueur sans pitié. Tous les jours je m’informe sur la situation en Egypte, il semble que Oum el Donia soit un peu plus épargnée, il faut croire que les désinfections massives, le port de masques s’avèrent efficaces, et puis la chloroquine est utilisée et réduit considérablement les effets mortifères de la maladie. Je m’en réjouis, au moins ceux que j’aime sur la terre des pharaons sont moins en danger que nous. Le président Macron a aussi annoncé la réouverture des écoles à partir du 11 mai, j’avoue ne pas comprendre... dé-confiner les enfants aussi rapidement n’est-ce pas prendre un trop grand risque ? La proximité de 35 élèves par classe avec le danger qui rôde me paraît inconcevable. J’ai bien conscience que l’économie du pays doit redémarrer, mais pas à n’importe quel prix! On nous promet aussi des masques, des tests, après cette date butoir du 11 mai, et pourquoi pas maintenant ? C’est tout de suite qu’on doit savoir qui est porteur du Covid 19, il existe des tests très simples avec un résultat en moins de 30 mn, on attend quoi pour les mettre à disposition ? En attendant et pour parer à l’urgence, les français s’organisent et fabriquent eux mêmes leurs masques, certains rivalisent d’élégance, comme si on se préparait à en faire un accessoire de mode. Dieu seul sait combien de temps nous devrons vivre le visage caché, en respectant les distances de sécurité, tous ces gestes barrières avec lesquels nous apprenons à vivre. Mais l’incorrigible optimiste que je suis, se dit que loin de nous isoler, nous séparer, cette sombre période nous rapprochera et raffermira nos liens, privés les uns des autres, notre bonheur de nous retrouver n’en sera que plus grand. Chacun et chacune imaginent les jours d’après, ce qu’ils, ou elles feront une fois le danger écarté, je ne me pose pas cette question, la réponse est évidente, je sauterai dans le premier avion pour retrouver ma si chère Egypte, et là-bas, là-bas seulement, je me sentirais à nouveau vivante. Attends moi Oum el Donia, Insha Allah Ana Masriya